LE TISSAGE

Au Maroc, le tissage est un art traditionnel familial qui date du VIIIème siècle, connu par les tribus berbères et appelé «Azetta» dont les techniques demeurent une tradition féminine qui se transmet de mère en fille. Les tapis berbères n’utilisent pas de modèle et reposent sur la seule inspiration de la femme qui les fabrique et au monde berbère :  son environnement et son histoire liées aux différentes civilisations musulmanes, juives ou chrétiennes.

Chaque tapis devient ainsi unique et original par sa matière, ses couleurs, ses motifs et son histoire.

L’évaluation du tapis se fait par sa qualité et sa valeur qui est déterminée à partir de son âge, son lieu de fabrication, la qualité de sa laine et de sa matière, de la technique de tissage, ses motifs, sa broderie, sa couleur, son nouage et sa finition de frange.

TYPES DE TAPIS

L’art du tapis berbère diffère selon les régions :

  • Les tapis du Moyen Atlas de la région de Meknès Rabat : tribu Zemmour, Zaer, Zaiane, Bani Mtir, Ait Sgougou, Beni Mguil …
  • Les tapis Beni Ouarain de la région du Moyen Atlas : grand tapis blanc avec de fins motifs géométriques noirs ou bruns.
  • Les tapis du Haut Atlas et du Djebel Siroua
  • Les tapis de l’Anti-Atlas.
  • Les tapis du Haouz de Marrakech, un tapis des tribus rurales des Rehamma, H’mar, Oulad Bousebaa, Ahmar, Chiadma.
  • Les tapis Taznakht

Trois types de tapis marocains prédominent dans la tapisserie marocaine : BENI OURAIN, AZILAL ET BOUCHAROUETTE

TECHNIQUES ET CYCLE DE TISSAGE

Le tissage est strictement féminin, au printemps, la tonte des moutons et l’achat des toisons de laine relèvent des hommes. Le cycle de tissage débute par le lavage de la laine brute, le séchage au soleil, ensuite le nettoyage et le triage de la laine lavée ; posée sur le sol la laine sèche ainsi au soleil et blanchit.

A la fin de l’hiver, le cycle du tissage débute par la préparation des outils spécialisés de tissage : peignes, cardes, quenouilles et panier. Les femmes assises par terre procèdent au cardage et filage pour travailler le fil de trame par un va et vient.

Les techniques diffèrent aussi on distingue : Le Tazerbite, Le tapis Glaoua du Haut Atlas, et Les Zanifi.

MOTIFS ET SYMBOLES

La beauté des tapis berbères ne serait sans les motifs et symboles qui sont présentés par des formes géométriques, par les lettres Tifinagh : écriture du peuple amazighe, ou par des illustrations représentants la nature, les animaux, des évènements ou des environnements voire même des émotions.

Les symboles et illustrations les plus connus et utilisés par exemple : La théière, les papillons, ligne en zigzag, croix berbère, Le signe X, le losange et le chevron. 

TRAITEMENT DES COULEURS

Les femmes berbères teignaient elles-mêmes la laine en utilisant des produits végétaux et minéraux et utilisent encore des méthodes locales traditionnelles.

La laine peut être travaillée au naturel (marron, noir, écru) ou teinte dans des bains de couleurs.

Les couleurs vives naturelles telles que :

 – Le bleu obtenu à partir de l’indigotier, appelé Nila, le rouge obtenu à partir de la garance, le jaune obtenu à partir d’une sorte de genêt et le violet proviennent de plantes et de baies telles que le buisson de henné, la grenade, la figue et la feuille de thé qui poussent dans l’Atlas, le vert, également obtenu à partir de menthe sauvage, de feuilles de noyer, d’écorce de grenade utilisés.

– La couleur noire naturelle provient directement de la laine des moutons et des chèvres des régions montagneuses.

– Les riches dégradés de jaune vif et pastel ainsi que d’ocre obtenus par le thé, le safran, le daphné, les pétales de genêts et de mimosa.

– L’indigo du Sahara employé à l état végétal ou sous forme de blocs.

– Une gamme de teintes s’obtient à partir de fleurs, de feuilles, de fruits, d’insectes séchés au soleil, pilés finement et tamisés.

– Des nuances allant du rouge sang au brun en passant par un orange plus ou moins vif obtenues par la racine de garance, la cochenille, le pourpre, le coquelicot, le henné, l’écorce de noyer, de grenade et de pommier.

– Le rose tendre, la lavande et le parme obtenus par les pétales de rose, le vieux rose provient des graines de jujube.

Depuis quelques années, les tisserandes ont élargi le choix des tons et des couleurs avec l’apparition des colorants chimiques comme le jaune vif et le bleu électrique.

Reste le naturel le plus requis en raison de sa noblesse, son authenticité et sa protection de l’environnement.

Le tapis berbère représente ainsi une grande richesse du patrimoine artisanal marocain,  sollicité à l’international et dans tout les types de décoration même les tendances contemporaines, présent aussi dans les foires et salons internationaux où les artisans exposent de vrais chef-d’œuvre au plaisir de tous les visiteurs.

LE SABRA OU LA SOIE VEGETALE

Le sabra, aussi appelé soie végétale, est un tissu qui ressemble à la soie par son toucher et par son aspect brillant et soyeux, d’où l’appellation « soie végétale », extrait de l’Aloe Vera plante connue en cosmétique pour ses vertus santé, bien être et beauté.

Dans l’industrie de l’artisanat, le Sabra a connu un grand succès dans l’habillement traditionnel marocain, la passementerie et la décoration. Le Sabra peut être pur ou composé de matières synthétiques (viscose en particulier) et couplé à la laine, le coton, le lin ou le velours. Les fils sont assemblés : tissés, torsadés ou tressés

Cette diversité de techniques, de formes et de couleurs a permis aux artisans la réalisation de plusieurs catégories de produits et de créations : sacs, écharpes, coussins, poufs, plaid, rideaux, étoles, tentures, pompons, embrase de rideau, galons (sfifa) et accessoires.

Le sabra est devenu ainsi une matière très requise des tisserands.

PARTICULARITES

L’aspect si particulier du sabra est dû à la structure de ses fibres, de section triangulaire, elles se comportent comme des prismes et réfléchissent la lumière en donnant au tissu l’aspect soyeux qui le caractérise. Élastique à 15 %, le sabra est quasiment infroissable, moins fragile que la soie, il est lavable en machine à 40° C, ce qui en fait un tissu recommandé pour la décoration d’intérieur et le prêt-à-porter.

TECHNIQUES TISSAGE

Le traitement de la plante commence par le rouissage, c’est la macération que l’on fait subir aux plantes textiles telles que le lin ou le chanvre, pour faciliter la séparation de l’écorce filamenteuse avec la tige, les feuilles de la plante sont ainsi trempées dans l’eau afin que l’on puisse en extraire les fibres, on achève l’opération en étendant les fibres et en les laissant sécher pendant quelques jours.

Le rouissage est suffisant quand les fibres se séparent facilement les unes des autres sur toute la longueur de la tige. Les fibres sont ensuite filées de façon traditionnelle à l’aide d’un métier à tisser de basse-lisse, puis teintes en milliers de tons et couleurs qui feront la joie et le plaisir des artisans et des acquéreurs.